Depuis quelques années, Macao, région autonome de la côte sud de Chine Continental réputé pour ses casinos hors normes et ses gigantesques Centres commerciaux, n’avait plus connu l’affluence de visiteurs de ces derniers jours. Si l’épisode de la COVID-19, marquée par les grandes restrictions qui l’ont caractérisé, semble derrière, tel n’est pas le cas du vent d’incertitude qui plane sur l’avenir des casinos, première richesse de la région. En cause : les autorités chinoises qui souhaitent que Macao s’enrichisse autrement.
Un retour des visiteurs en demi-teinte
La fin des restrictions en Chine continentale à la suite de la levée du programme zéro COVID visant à contrôler l’évolution du Coronavirus en Chine a poussé les touristes, longtemps restés confinés, à entamer une véritable ruée vers les principaux sites touristiques du pays. Macao n’est pas en reste. La région qui connait depuis toujours un véritable tourisme du jeu, voit ses rues bondées de monde et ses commerces pris d’assaut pas des visiteurs, depuis le début des festivités du Nouvel An chinois.
Toutefois, le retour des visiteurs à Macao est loin de satisfaire les autorités de la région qui subissent incessamment la pression du gouvernement central l’ordonnant de diversifier son économie. Ces injonctions qui ont pris une forme purement répressive l’année dernière avec l’arrestation de plusieurs magnats du casino n’a point perdu de son intensité.
Pour autant, il est difficile d’imaginer Macao, considéré comme le Las Vegas asiatique et seul territoire de la Chine où les casinos sont autorisés par la loi, d’abandonner ce secteur hautement stratégique pour son économie. En effet, les casinos seuls contribuent à hauteur de 40 pour cent du PIB de Macao. Une indispensabilité qui a fait de Macao l’une des régions d’Asie avec le plus haut PIB par habitant.
Un impact qui est passablement apprécié par les autorités chinoises. Le président chinois, Xi Jinping, ne relâche pas la pression et entend mener sa campagne anticorruption jusqu’à terme. Le président chinois s’est donné pour objectif de stopper les paris et le blanchiment d’argent à Macao.
Pour David Green consultant expert de l’industrie du jeu, Macao est confronté à un problème intrinsèque. Ses autorités doivent montrer patte blanche au gouvernement chinois et tenter de prouver qu’ils mettent sur pied des mécanismes visant à décourager les joueurs. Cependant, ceux-ci doivent, par la même occasion, conserver cette source de revenus s’ils veulent maintenir le train de vie de la région autonome.
Les mesures prisent par Macao pour régulariser son économie
Face à la pression exercée par le gouvernement chinois, Macao entreprend depuis peu de diversifier son économie. Néanmoins, la méthode employée par le gouvernement local s’appuie toujours sur l’argent des casinos.
En effet, les autorités de Macao ont renouvelé les concessions des différents opérateurs pour dix nouvelles années. En le faisant, la région conserve certes la structure actuelle de son économie, mais a eu l’intelligence d’introduire de nouvelles conditions afin d’obliger les opérateurs à faire des investissements hors-jeu.
À la suite de ces accords, les opérateurs de casinos ont engagé des dépenses à hauteur de 14,9 milliards de dollars (environ 13,7 milliards d’euros) dans la construction de nouvelles formes d’entreprise plus respectueuses des valeurs du gouvernement central. Ceux-ci ont notamment entamé la construction des parcs à thème ou d’exposition, de restaurants gastronomiques et de salles de spectacle.
Selon l’ancien membre de l’Assemblée législative, Sulu Sou, les nouvelles orientations économiques de Macao sont un « pas en avant » dans la diversification de son économie. Ces réformes sont plus concrètes que les slogans creux restés inappliqués pendant des années.
Cet ancien haut commis de l’État affirme au micro de l’Agence France-Presse (AFP) que les nouvelles orientations des autorités de Macao pour le secteur des casinos sont le résultat du changement d’attitude de la Chine continental envers les jeux d’argent. Ce changement a poussé Macao à signer des contrats formels et explicites avec les opérateurs de casino.
Il va jusqu’à rappeler que les récentes arrestations des magnats du casino à l’instar de l’arrestation de m. Chau ont été un grand coup dans la fourmilière. Ces opérations ont rappelé qu’il était temps de passer à une nouvelle forme d’économie. Un retour à la normalité qui viendrait redéfinir et bannir les anciennes méthodes d’enrichissement. C’est pourquoi la chute récente du « roi du junket » Alvin Chau, condamné à 18 ans de prison par un tribunal local, était nécessaire pour marquer les esprits.
Pour mieux comprendre l’importance de cet acte, il est nécessaire de comprendre qu’un « junket » est un intermédiaire dont le rôle est de faciliter la venue des joueurs dans les casinos de Macao en leur servant à la fois de tour-opérateur et de prêteur.
Le retour à la normale après la COVID-19
Macao a récemment mis un terme à la plupart des restrictions sanitaires mises sur pied jadis pour contenir la pandémie de Covid-19. La réouverture des frontières et des commerces a profondément redynamisé l’économie locale. Les habitants de Macao ont très vites ressenti le changement s’opérer.
Le principal changement est le retour des visiteurs qui ont déferlé sur Macao et qui ont mis un terme au marasme économique qui avait trop duré. Une crise économique qui a été l’origine de pertes évaluées à plusieurs millions de dollars. Une période que Macao souhaite oublier le plus rapidement possible. Elle a donc beaucoup misé sur les festivités du Nouvel An chinois en espérant tirer profit de l’événement pour soutenir la dynamique économique.
Les résultats sont à la hauteur des attentes, car les hôtels haut de gamme de la ville étaient complets et les autorités ont noté un retour des voyageurs en week-end. Des chiffres qui ne sont pas très loin de ceux enregistrés avant le début de la pandémie.
La ville espère très vite retrouver son niveau de vie d’avant. Les recettes de jeux d’argent grand public pourront atteindre 55% de leur niveau pré-Covid d’ici à la fin de l’année et passer à 85 % en 2024, d’après les estimations des analystes du Credit Suisse.