L’économie de Macao, surnommé « le Las Vegas de Chine », ne se porte pas bien. Et pour cause, les revenus des casinos, qui constituent la principale manne économique de cette cité, ne cessent de décroître depuis de nombreuses semaines. Malheureusement, les prévisions laissent supposer que la situation n’est pas sur le point de s’arranger et les conséquences sur le plan social pourraient s’avérer difficiles à endiguer.
Une économie fragile bousculée dans ses fondements
La dégringolade des chiffres des établissements de jeux de Macao impacte durement l’économie de cet important centre asiatique de jeux et la conséquence immédiate est la fermeture de nombreuses entreprises. Récemment, cette ancienne colonie du Portugal a présenté l’un de ses bilans mensuels les plus catastrophiques depuis le mois de septembre 2020, tandis que le gouvernement a tiré la sonnette d’alarme sur les éventuels conflits sociaux qui pourraient résulter de la hausse des pertes d’emploi. Macao a pourtant la particularité d’être la seule région de Chine où on peut jouer légalement dans les casinos.
L’économie de cette région administrative spéciale chinoise n’est pas diversifiée parce qu’elle dépend en grande partie des taxes sur les casinos, lesquelles représentent plus de 80 % des recettes publiques. Selon Glenn McCartney, professeur associé à l’université de Macao, cette cité est la seule au monde à dépendre entièrement du tourisme et cela fait 20 ans que ça dure. C’est au cœur de la crise sanitaire que l’hyper dépendance de la cité par rapport au tourisme a été mise à nue. Dès le premier trimestre 2020, les taux de visite ont drastiquement chuté, de l’ordre de 80 %, comparativement à la même période l’année précédente.
En mai dernier, les revenus des jeux d’argent ont enregistré une baisse de 68 % en glissement annuel et ont atteint environ 400 millions de dollars. Bien que ce montant soit en hausse de 25 % par rapport au mois d’avril, l’écart demeure profond et loin du montant atteint à la même période en 2019. Les principaux opérateurs font face à des baisses fréquentes de revenus ainsi qu’à l’accumulation des dettes, tandis que les rentrées d’argent se font de plus en plus rares. Cette situation est davantage exacerbée par l’industrie opaque du junket et la fuite des capitaux.
De nombreux emplois menacés et de graves conséquences à redouter au niveau du tissu social
La région de Macao est touchée de plein fouet par cette déliquescence économique et de nombreux secteurs connexes en subissent les effets. Il s’agit notamment des services commerciaux, de la vente au détail et du secteur industriel. Avec une population estimée à plus de 600 000 personnes, la courbe de chômage s’est envolée. De 1,8 % en 2019, elle est passée à 4,5 % selon les récents chiffres gouvernementaux. L’emperor Entertainment Hotel, l’un des plus importants établissements hôteliers de la place, envisage de fermer son casino le 26 juin prochain, du fait de la conjoncture défavorable et des perspectives peu reluisantes pour le segment des jeux haut de gamme.
À en croire certains médias locaux, de nombreux autres casinos pourraient emboîter le pas à l’Emperor avant la fin de l’année tandis que l’Association économique de Macao a peint un tableau sombre du climat local des affaires pour le prochain trimestre. Le FMI est allé plus loin, en affirmant notamment que cette cité ne pourrait pas retrouver son niveau économique ante Covid avant de nombreuses années. Les autorités locales ont souhaité que les établissements ayant environ 10 000 employés ne procèdent pas aux licenciements. À la place, certains opérateurs ont préféré ne pas reconduire des contrats ainsi que d’autres mesures plus souples.
En janvier dernier, les actions des principaux casinos de la cité avaient pourtant donné l’impression de repartir, au point où le gouvernement avait décidé d’octroyer de nouvelles licences de jeux dont la validité s’étendrait sur dix années. Lesdites actions avaient connu une chute vertigineuse quelques mois auparavant, après qu’un projet de contrôle plus poussé sur l’industrie du jeu avait été annoncé par le gouvernement. Les actions de Sands China et Wynn Macau avaient alors dégringolé de 24 % tandis que celles de MGM China, SJM Holdings et Galaxy Entertainment avaient reculé de 13 à 17 %.